dimanche 8 mai 2011

En Syrie, l'armée investit les villes de Homs et Tafas

En Syrie, l'armée investit les villes de Homs et Tafas

Manifestations à Banyas, vendredi 6 mai. Depuis, "la ville est isolée du monde extérieur et dans les quartiers sud de la ville, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", assure le président de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

régime de Bachar Al-Assad, dimanche 8 mai. Après la ville de Banyas, où les chars du régime étaient entrés samedi, c'est au tour des villes de Homs et Tafas d'être prises d'assaut par les forces armées.

La situation est particulièrement critique à Banyas, où six personnes ont été tuées depuis samedi selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. "La ville est isolée du monde extérieur et dans les quartiers sud de la ville, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", assure le président de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, évoquant "une catastrophe humanitaire dans les quartiers sud", principalement sunnites. Son organisation a précisé que plus de 200 personnes, dont un enfant de 10 ans, avaient été arrêtées au cours du week-end.

Homs, ville industrielle du centre de la Syrie, était entourée par les chars du régime depuis vendredi. Ces derniers ont pénétré dans la ville, dimanche à l'aube. Le mode opératoire a été le même qu'à Banyas : les communications téléphoniques et l'électricité ont été coupées avant que les quartiers où l'opposition est la plus marquée soient investis par l'armée. Un militant des droits de l'homme présent sur place a évoqué des tirs de mitrailleuses lourdes. D'après l'organisation des droits de l'Homme Insan, 16 manifestants avaient été tués vendredi à Homs. Au moins huit chars sont également entrés dimanche matin à Tafas, ville de 30 000 habitants proche de Deraa, d'où est parti en mars le mouvement de contestation.

L'offensive menée depuis vendredi par l'armée syrienne est présentée comme "une bataille féroce contre des groupes qui utilisent des armes lourdes, des roquettes anti-chars et des mitrailleuses" dans la presse officielle. Les autorités syriennes ont décrit Banyas comme un "centre du terrorisme salafiste". Al-Watan, un journal privé proche du pouvoir, rapporte en outre que Bachar Al-Assad a rencontré, samedi, une délégation de jeunes Syriens qui "ont évoqué les pratiques violentes de certains agents de sécurité". "Le président Assad n'a pas démenti ces pratiques et a affirmé qu'il s'agissait de comportements individuels et que le gouvernement oeuvrait pour contenir la crise et éloigner la violence", ajoute le journal.

Riad Seif, une des principales figures de l'opposition, a été également inculpé dimanche par la justice pour avoir enfreint l'interdiction de manifester, selon l'avocat Khalil Maatouk. Riad Seif, qui souffre d'un cancer, a affirmé au juge avoir été "frappé à la tête par les agents de sécurité" avant d'être arrêté vendredi dans le quartier Midane, dans le centre de Damas. M. Seif, 64 ans, a purgé une peine de deux ans et demi pour avoir appelé à la démocratie dans son pays. Il fait partie des 12 opposants qui avaient signé la "Déclaration de Damas", appelant à un changement démocratique en Syrie.

Depuis le début de la répression à la mi-mars, près de 600 personnes ont été tuées à travers la Syrie, en majorité à Deraa, selon des ONG. Le nombre de personnes "détenues ou disparues pourrait dépasser les 8 000", a ajouté mardi Wissam Tarif, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'homme Insan.