mardi 15 mars 2011

Ségolène Royal aux écologistes : "Je pense qu'il y a un délai de décence"

Ségolène Royal aux écologistes : "Je pense qu'il y a un délai de décence"

La présidente de la région Poitou-Charentes appelle les socialistes à éviter "les petites phrases" et "les guerres d'appareil", pour ne pas perdre la présidentielle.AFP/FRED DUFOUR
En rompant, mardi 15 mars, son silence sur la situation au Japon, Ségolène Royal a suscité des réactions : "J'espère que ce n'est pas l'approche des élections cantonales qui explique que tout d'un coup tout le monde s'agite pour réclamer des référendums, pour faire ceci, pour faire cela", a déclaré la présidente de Poitou-Charentes, à France Bleu, en marge d'un déplacement à Chatellerault, lundi soir. Après cette allusion claire aux écologistes qui comme Cécile Duflot ou Dany Cohn-Bendit ont demandé l'inscription au programme de la gauche d'un référendum sur le nucléaire, elle a ajouté : "Je pense qu'il y a un délai de décence et de respect."




Cette sortie de Ségolène Royal qui n'a pas manqué de faire bondir certains écologistes, dont Cécile Duflot. Pourtant, la position de l'ancienne candidate à la présidentielle ne diffère pas beaucoup de celle d'autres responsables socialistes. Malgré la catastrophe possible au Japon, sur la question du nucléaire, un fossé demeure entre écologistes et socialistes.

CLASH DUFLOT-BATHO

"Il faudra que ce débat ait lieu, bien évidemment, mais l'heure est aujourd'hui à la solidarité avec les Japonais et au respect de ce qu'ils sont en train de subir", a précisé Ségolène Royal. "Quand le débat sera rouvert, lorsque les Japonais auront pu retrouver la garantie de la sécurité, à ce moment-là, je vous donnerai mon avis sur le nucléaire."

Cécile Duflot a vivement réagi, après que Delphine Batho, députée proche de Ségolène Royal, a salué la "déclaration courageuse" de l'ancienne candidate PS à la présidentielle : "Ce qui est monstrueusement indécent madame ce sont ces propos. Les Verts alertent sur le risque depuis 30 ans !!!!!!!", a lancé la secrétaire nationale du mouvement écologiste, sur Twitter. "C'est vrai et il n'y a pas que les Verts qui alertent sur les risques. La catastrophe est en cours et ce débat a besoin de calme", a répondu Delphine Batho.

Ce débat sur Twitter illustre les tensions qui existent toujours entre écologistes et socialistes.

Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, reconnaît certes qu'il faut un "mix énergétique plus équilibré", avec un recul du nucléaire. Mais il juge, sur Le Monde.fr, que le référendum voulu par certains écologiostes est "précipité". Et lance : "Les Verts qui disent que "c'est oui ou c'est non..., ce n'est pas une manière de discuter. Si on est tout le temps dans l'émotion, on risque de grosses déconvenues."

Benoît Hamon rappelle lui que le PS veut surtout un "état des lieux du parc nucléaire français" et précise : "On ne peut pas sortir du nucléaire du jour au lendemain."

La question du nucléaire sera un des objets de négociation entre les possibles alliés écolo et socialiste pour 2012. Quelle sera la position du PS ? En 2007, Ségolène Royal était allée jusqu'à prôner un recul du nucléaire à 50 % de l'électricité, d'ici à 2017. Avant d'être contrainte, sous la pression d'élus à gauche, d'adopter une position plus floue dans son pacte présidentiel, sans précision d'objectif ou de date.