samedi 30 avril 2011

Egypte : le procès de l'ancien ministre de l'intérieur de Moubarak reporté

Egypte : le procès de l'ancien ministre de l'intérieur de Moubarak reporté


Le procès de l'ancien ministre de l'intérieur égyptien Habib Al-Adli, accusé d'avoir ordonné de tirer sur des manifestants durant la révolte qui a renversé le régime de Hosni Moubarak, a été reporté au 21 mai. Le juge a renvoyé le procès à la demande de la défense, qui a dit avoir besoin de plus de temps pour étudier le dossier, mais aussi à la demande des avocats des familles des victimes.

Selon des avocats présents dans la salle d'audience, M. Al-Adli et six de ses collaborateurs ont plaidé non-coupables avant que la décision du report ne soit prise.

846 TUÉS LORS DES MANIFESTATIONS

Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées, et plusieurs milliers blessées pendant la contestation populaire qui a abouti à la démission de M. Moubarak le 11 février et au transfert de ses pouvoirs à l'armée. M. Al-Adli et six de ses collaborateurs doivent répondre de la mort de ces manifestants ainsi que de l'insécurité qui a suivi le retrait de la police des rues d'Egypte après "le vendredi de la colère", le 28 janvier.

Le tribunal a été placé sous haute protection policière et militaire, avec un long cordon policier et des camions de la police anti-émeutes ainsi que des chars de l'armée devant le bâtiment. Une cinquantaine de personnes, dont des membres des familles des victimes, manifestaient devant le tribunal aux cris de "Adli, peine de mort, ce chien doit être immédiatement exécuté".

Habib Al-Adli, évincé du gouvernement fin janvier, avait été arrêté le 17 février. Il fait déjà l'objet d'un autre procès en cours pour des accusations de malversations financières, pour lesquelles il a plaidé non-coupable.

SYMBOLE DU RÉGIME DE MOUBARAK

L'ancien ministre de l'intérieur est honni par une grande partie de la population égyptienne. Son départ avait été réclamé avec insistance par les manifestants dès le début de la révolte contre le régime, le 25 janvier.

La chute de M. Al-Adli s'inscrit dans un contexte de crise profonde de la police, qu'il a commandée avant d'être remplacé sous la pression de la rue dans les derniers jours de pouvoir de l'ancien raïs. La police est accusée d'être responsable d'une large partie de la répression et de s'être retirée des rues pendant plusieurs jours au plus fort de la crise pour laisser s'installer l'insécurité.

L'EGYPTE VEUT RÉGLER SES COMPTES AVEC LE RÉGIME MOUBARAK

Plusieurs autres anciens ministres et hommes d'affaires font l'objet de poursuites pour corruption ou détournement de fonds. M. Moubarak lui-même est en détention provisoire dans le cadre de l'enquête sur la violente répression. Il se trouve à l'hôpital international de Charm El-Cheikh après un accident cardiaque pendant un interrogatoire.

Le parquet général a ordonné dimanche son transférement prochain dans un hôpital militaire en attendant que l'hôpital de la prison de Tora, au Caire, soit suffisamment équipé pour le recevoir.

Ses deux fils, Alaa et Gamal, ont été placés en détention provisoire à Tora dans le cadre de la même enquête. Ils font l'objet d'une autre enquête pour corruption. Ils sont en particulier accusés d'avoir obligé des hommes d'affaires à les faire entrer comme associés dans des partenariats locaux avec des compagnies étrangères. Avant le soulèvement, Gamal, très proche des milieux d'affaires et cadre dirigeant du parti au pouvoir, était considéré comme le successeur probable de son père. Son frère aîné Alaa a fait carrière dans les affaires.

mercredi 20 avril 2011

Etats-Unis: «McDo», qui promet 50.000 embauches dans la journée, assailli

Etats-Unis: «McDo», qui promet 50.000 embauches dans la journée, assailli


EMPLOI - Mc Donald's proposait quelque 50.000 emplois à travers ses 14.000 restaurants américains au cours de la seule journée de mardi...

Des milliers de personnes se pressaient mardi aux Etats-Unis devant les enseignes McDonald's dans l'espoir de se voir offrir l'un des 50.000 emplois que le géant du fast-food a promis de pourvoir dans la journée. A New York, qui compte 620 «McDo», certains candidats avaient l'intention de passer le plus d'entretiens possibles dans la journée, comme Thomas Hill, 24 ans, qui, avec un ami en avait déjà passés cinq en début de matinée.

«Je ferais n'importe quoi, j'ai juste besoin d'un salaire», dit le jeune homme qui porte une veste de velours et des chaussures noires en cuir. «Je me suis levé tôt et je me suis mis sur mon 31», explique-t-il. En attendant sous la pluie et le froid, les candidats à l'emploi reçoivent des dépliants qui leur promet «de s'amuser dans un environnement qui change vite» et «d'apprendre en gagnant». Elaine Diekmann, qui possède une franchise à Manhattan, raconte qu'elle a commencé chez McDo comme serveuse, il y a 37 ans. Elle y a rencontré son mari puis avec lui, est devenue patron d'un restaurant.

Pas de précisions sur le salaire proposé aux candidats

«McDonald's est très souple, ça peut être un mi-temps, un travail pour quelques mois, pour payer ses études, ou alors si vous avez de l'ambition vous pouvez gravir des échelons dans l'entreprise», dit-elle. Mc Donald's dit vouloir offrir au cours de la seule journée de mardi quelque 50.000 emplois à travers ses 14.000 restaurants installés aux Etats-Unis. A New York, les responsables présents ont refusé de dire quels salaires ils offraient aux candidats.

Nicole Curtin, une responsable, précise qu'une couverture médicale et un soutien aux études sont prévus, mais que les salaires ne dépasse pas nécessairement le tarif minimum national de 7,25 dollars de l'heure. A Chicago (Illinois), où se trouve le siège de la compagnie, 2.500 postes sont à pourvoir et ... lire la suite de l'article sur 20minutes.fr



dimanche 17 avril 2011

Pour Guaino, le chauffard de Chelles mérite la prison à vie

Pour Guaino, le chauffard de Chelles mérite la prison à vie

Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. 

Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a qualifié le conducteur ivre, responsable de la mort de trois personnes, de «criminel qui ne devrait jamais sortir de prison». Mais dans les faits, le chauffard encourt sept ans d'emprisonnement.


Le dramatique accident de Chelles rebondit déjà sur le terrain politique. Interrogé sur le sujet, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a voulu jouer la carte de la fermeté. «S'il est avéré qu'il conduisait sans permis et en état d'ivresse, et qu'en plus il avait récidivé dans ce domaine, je crois que cet homme est un criminel qui ne devrait jamais sortir de prison de toute sa vie», a-t-il déclaré dimanche sur Canal+. «Ce qu'il a fait en fauchant ces vies innocentes est quelque chose d'insupportable, il s'est mis en situation de tuer délibérément, je trouve qu'on ne doit avoir aucune espèce d'indulgence vis-à-vis de ce genre de comportement et de crime», a encore jugé le conseiller du chef de l'Etat.

Le chauffard a décimé une famille samedi soir en fonçant dans un abribus à Chelles (Seine-et-Marne), tuant une fillette de trois ans, sa mère et son oncle. Le taux d'alcoolémie relevé sur cet homme de 44 ans, toujours en garde à vue dimanche après-midi, était de 1,24 g/l de sang environ quatre heures après l'accident. Il est un récidiviste de la conduite en état d'ivresse : il avait subi un contrôle d'alcoolémie positif en juin 2010. Autre circonstance aggravante, il circulait samedi soir sans permis de conduire.
La perpétuité réservée aux homicides volontaires

Mais malgré cette situation de récidive, le chauffard n'encourt pas une peine d'emprisonnement à perpétuité, comme le souhaiterait le conseiller présidentiel. Le fait de provoquer un accident mortel constitue un homicide involontaire en théorie punissable de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende, d'après le Code pénal. Les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 100.000 euros d'amende lorsque le délit a été commis avec au moins deux circonstances aggravantes (l'état d'ivresse, l'excès de vitesse, l'absence de permis, le délit de fuite…). Selon les éléments connus à cette heure, c'est vraisemblablement le cas de l'accident de Chelles. Une enquête est en cours.

Les peines de «prison à vie» sont réservées aux meurtres et assassinats accompagnés de tortures ou d'actes de barbarie, aux attentats ou aux enlèvements et séquestrations ayant entraîné la mort. Ces peines de prison à perpétuité sont accompagnées de périodes de sûreté allant de 18 à 30 ans, selon le crime qui a été commis. Au-delà de ces peines incompressibles, le détenu peut ensuite demander à être libéré. Dans les faits, un condamné a donc toujours en France une chance de sortir de prison.

La Côte d'Ivoire envisage l'apaisement

La Côte d'Ivoire envisage l'apaisement

Si le retour à la normale complet n'est pas encore prévu à Abidjan, les tensions commencent à s'effacer.

En attendant une éventuelle réconciliation franche et durable, les Ivoiriens entrevoient l'apaisement des tensions, moins d'une semaine après la chute de Laurent Gbagbo. Samedi 16 avril, les deux camps qui se sont affrontés pendant les cinq mois qu'a duré la crise électorale – dénouée au terme de dix jours de guerre civile à Abidjan – ont donné des signes encourageants quant à leur volonté de tourner la page des violences.

Le camp du président sortant, d'abord, a appelé dans la soirée à la réconciliation. "Nous devons arrêter l'escalade de la violence et de la déchéance", a déclaré Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), accompagné notamment d'Alcide Djédjé, ex-ministre des affaires étrangères de M. Gbagbo. "Au nom de la paix, arrêtons la guerre", a poursuivi M. Affi, appelant aussi à libérer les personnes arrêtées, dont M. Gbagbo, afin qu'il prenne "part à la réconciliation nationale".

70 PROCHES DE GBAGBO LIBÉRÉS

Un appel en partie entendu – et probablement négocié – par le nouveau pouvoir, qui a annoncé quelques minutes plus tard la libération de près de 70 personnes arrêtées lundi en même temps que Laurent Gbagbo. Un total de "120 personnes environ" avaient été arrêtées à la résidence présidentielle et amenées à l'hôtel du Golf, QG de M. Ouattara, a déclaré le ministre de la justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, sur la chaîne de télévision TCI. Parmi elles, "trente" membres de sa famille, dont ses petits-enfants, ont été "conduits aujourd'hui à une destination que nous gardons comme confidentielle", a-t-il poursuivi. "Des employés de maison", notamment ses cuisinières et jardiniers, qui "étaient au nombre de trente-huit", sont également "partis". M. Gbagbo se trouve quant à lui depuis mercredi en résidence surveillée dans le nord du pays, tandis que son épouse Simone demeure à l'hôtel du Golf.

Charles Blé Goudé, personnage clé du régime défait, fait toujours l'objet d'intenses spéculations, son camp affirmant qu'il était "en lieu sûr", après avoir été un temps dit arrêté par les FRCI. Il n'a pas été arrêté et se trouverait en "lieu sûr", a déclaré à l'AFP à Paris un conseiller de Laurent Gbagbo, Toussaint Alain. De nombreuses rumeurs ont circulé quant au sort de Charles Blé Goudé, chef des Jeunes patriotes et ministre de la jeunesse du président déchu.

Les caciques de l'ancien régime devront toutefois répondre de leurs actes. Le ministre de la justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, a déclaré dimanche qu'il allait saisir le procureur d'Abidjan pour ouvrir des enquêtes contre les personnes "susceptibles" d'avoir commis des "crimes de sang", "des achats d'armes" ou des "détournements d'argent". Ces enquêtes pourraient concerner notamment "les membres du gouvernement" de M. Gbagbo, mais aussi des journalistes de la Radio-télévision ivoirienne (RTI), qui a été un puissant intrument de propagande du pouvoir en place de 2000 à 2011, a-t-il précisé.

RÉOUVERTURE DES ADMINISTRATIONS LUNDI



Sur le terrain, à Abidjan, le nouveau pouvoir reprend en main progressivement une situation chaotique, misant sur une réouverture imminente de l'administration. Les fonctionnaires qui avaient cessé de travailler en raison des violences sont appelés à reprendre "impérativement" le travail lundi. La TCI a ajouté que la rentrée des classes était prévue le 26 avril. Le couvre-feu a été allégé à partir de samedi et s'appliquera jusqu'à lundi de 22 heures à 6 heures, au lieu de 18 heures à 6 heures actuellement. Dans les rues d'Abidjan, la sécurité s'améliorait petit à petit malgré le désordre et les pillages persistant dans certains secteurs.

Autre signe d'un progressif retour à la normale : le camp militaire français de Port-Bouët, dans le sud d'Abidjan, a cessé vendredi soir d'être une base d'accueil pour les personnes évacuées lors des combats.
Au total quelque 5 000 personnes, pour moitié des Français, avaient rejoint le camp, dont quelque 3 300 ont quitté le territoire ivoirien, selon la force française Licorne.

La Gambie, petit pays d'Afrique de l'Ouest, a déclaré ne pas reconnaître M. Ouattara et affirmé que M. Gbagbo demeurait "le président légitime". A Paris, plusieurs milliers d'Ivoiriens, et à Londres, environ 200, ont manifesté pour célébrer la victoire d'Alassane Ouattara et remercier la France et l'ONU pour leur rôle.

mardi 12 avril 2011

Côte d'Ivoire : "L'interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit"

Côte d'Ivoire : "L'interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit"


Images de Laurent Gbagbo, peu après son arrestation, diffusées par la télévision ivoirienne, lundi 11 avril.
Esteban : Que sait-on exactement du rôle de la France dans l'arrestation de Gbagbo ?

pénétré dans le périmètre de la résidence de Laurent Gbagbo au moment de son interpellation, lundi 11 avril, en début d'après-midi, et l'on ne dispose d'aucun témoignage ni d'aucun document démontrant le contraire. Les hélicoptères français ont ouvert la voie. Et ce sont des soldats des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) qui ont procédé à l'interpellation.

En fin de matinée, lundi, M. Gbagbo et son entourage avaient tenté une sortie de leur résidence qui était en feu, touchée par un tir de missile français la veille au soir. Les partisans de Laurent Gbagbo avaient riposté et mis les assaillants pro-Ouattara en fuite. Laurent Gbagbo avait ensuite tenté de s'enfuir par une vedette au bord de la lagune. Il semble en avoir été dissuadé par l'hélicoptère français.

Arthur : Peut-on parler d'ingérence de la France ?

La force Licorne, forte de 1 700 hommes, a agi en vertu d'un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, voté à l'unanimité. Cette unanimité incluant les trois pays africains qui y siègent actuellement. Ce mandat impliquait la protection des civils contre les tirs à l'arme lourde.

On peut discuter sur le point de savoir si ce mandat a été dépassé ou non. Mais une partie de la réponse tient au fait qu'un énorme arsenal de ces armes lourdes entreposées dans le périmètre de la résidence de Laurent Gbagbo continuait, ces derniers jours, d'être alimenté par bateaux.

Les diplomates français estiment que la situation s'était à ce point dégradée, qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de précipiter la chute de Laurent Gbagbo. Ne rien faire aurait précipité le pays dans la guerre civile.

Guillaume : La France est-elle le gendarme de l'Afrique ?

Formellement, les troupes françaises de Licorne ont agi non pas en fonction des intérêts de Paris mais en vertu d'un mandat délivré, à New York, par le Conseil de sécurité des Nations unies. La présence des troupes françaises à Abidjan ne relève pas cependant d'un hasard. Il est évidemment lié au passé colonial de la France.

Mais l'intervention de Licorne, en 2011, n'a absolument pas les mêmes bases que celle des soldats français en 2004. Il s'agissait alors des militaires du bataillon d'infanterie de marine basé à Abidjan qui avaient tiré sur la foule des "jeunes patriotes" lancés dans des manifestations anti-françaises. Le bombardement mortel de l'aviation ivoirienne sur le camp français de Bouaké avait conduit la France à détruire l'intégralité de l'aviation ivoirienne et déclenché en représailles des manifestations "patriotiques".

La décision prise par Nicolas Sarkozy d'intervenir directement, même sous un clair mandat de l'ONU, contredit toutefois formellement ses discours antérieurs où il disait qu'aucun soldat français ne tirerait plus sur un Africain et que l'ancienne puissance coloniale n'était pas la mieux placée pour régler les différends politiques dans ces anciennes possessions.

Pierre : Pensez-vous que le président Ouattara souhaiterait renégocier les accords avec la France concernant la présence militaire de cette dernière sur le sol ivoirien ?

C'est une excellente question étant donnée la dette que le nouveau président vient de contracter à l'égard de l'armée française. En 2008, Nicolas Sarkozy avait annoncé la renégociation de tous les accords militaires liant la France à des pays africains. L'accord de défense franco-ivoirien de 1961 est le seul dont la renégociation n'a absolument pas débuté.

La France souhaitant, au préalable, le retour de la stabilité à Abidjan. Les discours français laissent entendre que Paris ne souhaite pas "s'incruster" davantage en Côte d'Ivoire et souhaite, à terme, le départ de ses soldats. La position qu'adoptera Alassane Ouattara dans ce dossier reflètera la teneur des relations nouvelles qu'il veut entretenir avec la France.

SPQR : L'affaire est-elle réglée ou bien est-ce le début d'une guerre civile ?

L'interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit, étant donné le nombre important d'armes qui a été distribué à ses partisans ces derniers jours. Mais le retour à la paix civile est évidemment souhaité par une grande partie de la population qui, en dehors même des violences, souffre de l'insécurité, de la faim et de la soif, puisque dans certains quartiers d'Abidjan, l'eau a été longtemps coupée.

Le retour à la paix dépendra aussi de la capacité du nouveau président à enclencher un processus de justice visant les auteurs de violence, y compris dans son propre camp. L'annonce de la création d'une commission de vérité et de réconciliation, à l'instar de celles qui ont fonctionné en Afrique du Sud et au Maroc, est un premier pas dans ce sens.

Vitruve : Pensez-vous que Alassane Ouattara puisse véritablement réconcilier tout le monde ?

C'est évidemment un des grands défis qui attend la Côte d'Ivoire si elle veut redevenir la puissance phare de l'Afrique de l'Ouest qu'elle était jusqu'aux années 1990. Il est trop tôt pour avoir une conviction à ce sujet. Mais le fait que M. Ouattara ait réussi à imposer à ses troupes surexcitées d'épargner la vie de Laurent Gbagbo constitue un signe positif.

De nombreux observateurs font aussi remarquer que la présentation du pays comme étant irrémédiablement coupé entre un Nord musulman et un Sud chrétien est loin de correspondre à la réalité, beaucoup plus mélangée.

Un autre grand défi sera la reconstitution d'une armée réellement nationale avec la fusion des forces qui viennent de s'entretuer. Cette fusion, qui devait être réalisée depuis plusieurs années, ne l'a pas été.

Mk roma : Ouattara a-t-il jamais fait allusion aux violences commises par son propre camp ?

Dans son allocution télévisée du 7 avril, M. Ouattara a promis que "la lumière serait faite sur tous les massacres et les crimes". Il n'a pas fait explicitement référence au massacre de Duekoué, que les organisations des droits de l'homme attribuent largement à son camp.

Une accusation qui est particulièrement embarrassante pour lui puisque les soldats, accusés de ces exactions, étaient placés sous le haut commandement de Guillaume Soro, qui n'est autre que son premier ministre.

Clara : Les Gbagbo peuvent-ils rester encore longtemps à l'hôtel du Golf ou sont-ils susceptibles d'être rapidement remis à la justice ?

L'intention des nouvelles autorités ivoiriennes semble être de transférer rapidement Laurent et Simone Gbagbo dans le nord du pays où ils ont peu de partisans, où leur sécurité pourrait être mieux assurée. Dans un deuxième temps, l'idée est de trouver un autre pays africain pour les accueillir. Ce pourrait être, par exemple, l'Angola, le Nigeria ou l'Afrique du Sud.

Le défèrement de Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, compétente pour juger les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, n'est pas une perspective dans l'immédiat. Il faudrait que le procureur de cette Cour ou un autre pays que la Côte d'Ivoire demande l'ouverture d'une enquête, que les faits qui lui seraient reprochés entrent dans les compétences de la Cour, et qu'un mandat d'arrêt soit émis. La Côte d'Ivoire, elle-même, n'est pas partie au statut de Rome de 1998 qui fonde la compétence de la Cour pénale internationale.

Tiphaine : Guillaume Soro est-il un allié ou une menace pour Ouattara ? Peut-il lui faire de l'ombre ?

Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion du nord, ancien premier ministre de Laurent Gbagbo, et actuel premier ministre de M. Ouattara, a probablement pris encore de l'ascendant en tant que responsable militaire des opérations qui ont conduit à la reconquête de la totalité du territoire ivoirien.

Chef militaire connu pour son impulsivité, il pourrait, en effet, s'imposer face au très policé Alassane Ouattara.

Guest : J'aimerais savoir pourquoi nous n'avons pas d'informations sur les quatre otages en Cote d'Ivoire.

Tout simplement parce que nous n'en avons pas. De sources officielles françaises, on ignore où se trouvent les quatre personnes enlevées, lundi 4 avril, à l'hôtel Novotel d'Abidjan. L'inquiétude est accentuée par le fait qu'aucune revendication n'a été formulée. Ces quatre personnes ont été kidnappées par des hommes en uniforme.

Il s'agit du directeur du Novotel, d'un chef d'entreprise français et de deux de ses salariés africains. Ce dernier semble avoir fait partie des personnalités qui ont appelé à boycotter les services fiscaux de Laurent Gbagbo.


dimanche 10 avril 2011

Pourquoi les véhicules polluants sont encore loin d'être bannis des centres-villes

Pourquoi les véhicules polluants sont encore loin d'être bannis des centres-villes

Chaque commune pourra ajuster le dispositif à sa guise.
Mercredi 6 avril, l'annonce de la liste des véhicules polluants qui pourraient être concernés par une interdiction de circuler dans le centre de certaines grandes villes a suscité une vague de réactions contradictoires. Certains saluaient une mesure courageuse quand d'autres y voyaient une façon de bannir les moins fortunés, qui n'ont pas les moyens d'investir dans une voiture propre, du centre des agglomérations.

L'annonce peut impressionner : dans son édition du mercredi 6 avril, Le Parisien étalait sur une double page la liste de "ces véhicules bientôt bannis des centres-villes". Au total, plus de 10 millions d'engins pourraient être concernés, soit plus d'un quart des voitures particulières du parc automobile français, 40 % des deux roues et près d'un poids lourd sur deux.

Les véhicules les plus anciens, dont les moteurs n'ont pas été conçus pour limiter les émissions de particules fines et d'oxydes d'azote, sont dans le viseur de la ministre de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Les gaz rejetés par ces engins sont entre autres responsables d'asthme, d'allergies, de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires. De quoi en faire "un enjeu de santé publique", pour la ministre.

Mais la mise en place des fameuses Zones d'actions prioritaires pour l'air (ZAPA) dans les centres de grandes villes ne devrait pas immédiatement impliquer une expulsion massive des vieux tacots.


UN CHIFFRE SURÉVALUÉ ?

Les 8 millions de voitures particulières dont la première immatriculation remonte avant le 1er octobre 1997 ne vont pas subitement disparaître des rues des centres-villes. La note explicative du ministère de l'écologie sur cette question (document PDF) précise en effet que "les communes ou groupements de communes, accompagnés dans leur démarche par l’Etat, définiront les modalités et les conditions d’accès à la zone en fonction du contexte local".

En pratique, chaque ville ou communauté d'agglomération devra choisir la localisation, le type de véhicule, voire la période durant laquelle s'appliquera la ZAPA. "Une agglomération peut très bien décider de ne se concentrer que sur les poids lourds, ou y ajouter les véhicules utilitaires...", expliquait mercredi Nathalie Kosciusko-Morizet.

L'agglomération de Bordeaux, candidate à l'expérimentation, ne sait pas encore quelle forme prendra sa ZAPA. Mais Michel Duchène, adjoint d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux chargé de la circulation et du stationnement, indique déjà qu'il ne s'agira pas de "stigmatiser la voiture". En effet, de nombreux ménages ne peuvent pas s'offrir de véhicule récent, faute de budget. "Mettre en place une ZAPA n'implique pas d'exclure une partie de la population du centre-ville ou des quartiers", continue l'élu.

Le chiffre de 10 millions de véhicules polluants concernés par le dispositif dépendra donc de la manière dont les villes décideront d'appliquer la réforme. Il faudra patienter quelques mois avant de voir si la tendance concerne essentiellement les poids lourds, où si les voitures individuelles sont également visées.


Les ZAPA visent à inciter à un mode de déplacement moins polluant.

"IL FAUT LAISSER LE TEMPS AUX HABITANTS DE S'ADAPTER"

Dans les collectivités concernées, on préfère calmer les inquiétudes. "Le ministère parle d'interdiction de circuler d'un certain type de voitures, mais nous n'en sommes pas encore là, explique Michel Duchène. Il faut d'abord mener des études [financées jusqu'à 70 % par l'Etat] qui nous permettront de savoir quelles zones sont les plus touchées par la pollution de l'air. Cela va prendre plusieurs mois."

Michel Reppelin, chargé de la mission développement durable à la communauté urbaine de Lyon, ne compte pas non plus aller trop vite : "Nous allons partir calmement. Nous ne sommes pas dans une démarche qui consisterait à sortir les bagnoles de la ville. Il va nous falloir étudier ce qui existe déjà à l'étranger, établir des scénarios, et surtout étudier les aspects sociétaux et économiques de ce type de décision. L'Etat est un peu stressé, sourit-il, mais chaque chose en son temps. On ne fait pas une révolution en un mois !"

Son collègue Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire de Lyon chargé des déplacements urbains et de la circulation, confirme à l'antenne de France Info : "On ne va pas demander aux gens de changer de véhicule du jour au lendemain. Au terme de l'année 2011, nous pourrons déterminer quelques grandes lignes, mais ces mesures ne seront appliquées que très progressivement entre 2012 et 2014. Il faut laisser le temps aux habitants de s'adapter".

LA DIFFICILE QUESTION DU RESPECT DE LA CONSIGNE

Reste enfin la question de l'application de cette décision. Une fois la ZAPA mise en place par les localités, comment s'assurer qu'une voiture qui circule en centre-ville est "propre"? Le projet d'arrêté (PDF) mis en ligne par le ministère de l'écologie évoque le retour d'une pastille à fixer sur le pare-brise indiquant l'ancienneté du véhicule, ce qui permettrait aux autorités d'identifier les contrevenants roulant à bord d'antiquités polluantes. Ceux-là écoperaient une amende de troisième classe, à hauteur de 65 €.

Autres solutions préconisées par le projet d'arrêté, le contrôle par la police du certificat d'immatriculation – ex-carte grise – afin de vérifier l'âge de l'engin, ou la vidéosurveillance qui permettrait des contrôles automatiques.

Mais une vieille 2CV, qui tomberait a priori sous le coup de l'application de la ZAPA, pourrait tout de même être exemptée de contravention. En effet, si son propriétaire l'équipe d'un "dispositif de post-traitement homologué par le ministère chargé des transports" et effectue une demande auprès de la collectivité locale où il réside, sa voiture pourra redevenir acceptée dans les rues du centre-ville.

Il ne sera donc pas simple de faire respecter ces mesures, si elles venaient à être adoptées après cette période d'expérimentation.

Manifestation pour l'arrêt de la centrale de Fessenheim

Manifestation pour l'arrêt de la centrale de Fessenheim

Les rangs de la manifestations comptaient des antinucléaires venus de France mais aussi d'Allemagne et de Suisse. 


Quelque 3800 manifestants, français mais aussi allemands et suisses, se sont réunis dimanche dans le Haut-Rhin devant l'installation dont ils dénoncent la vétusté.


Environ 3800 personnes, selon les gendarmes, étaient réunies dimanche après-midi sur une île au milieu du Rhin en face de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), pour demander l'arrêt immédiat de la doyenne des centrales françaises.

Sous un chaud soleil et dans une ambiance bon enfant, les manifestants, dont beaucoup venaient d'Allemagne, ont écouté plusieurs discours de militants écologistes.

Parmi les nombreuses banderoles, certaines demandaient «un débat sur le nucléaire, pas sur l'islam». «Sortons de l'air du nucléaire» ou «Fukusheim non merci», proclamaient d'autres, alors que les slogans en allemand étaient également légion.

Les manifestants, dont certains continuaient à arriver sur les lieux, semblaient toutefois moins nombreux que lors du dernier rassemblement. La dernière manifestation de ce type organisée par l'Association trinationale de protection nucléaire (ATPN), qui réunit des associations écologistes et des collectivités locales de France, d'Allemagne et de Suisse, avait rassemblé environ 10.000 personnes le 20 mars. Une autre manifestation d'ampleur est prévue le 25 avril.

La centrale de Fessenheim est située à 1,5 km du territoire allemand et à une quarantaine de kilomètres de la Suisse.

Un mois après le séisme et le tsunami au Japon, qui ont créé de gros problèmes à la centrale nucléaire de Fukushima, les antinucléaires s'inquiètent de la vétusté de la centrale de Fessenheim, construite en 1977, arguant qu'elle est en outre située sur une zone sismique et sujette à d'éventuelles inondations du Rhin.

Le parlement du canton de Bâle-Ville, en Suisse, a demandé mercredi l'arrêt de la centrale de Fessenheim en raison des risques d'accident. Les élus verts du Parlement européen ont quant à eux proposé de faire de Fessenheim «un site pilote» pour le démantèlement des installations nucléaires.

vendredi 8 avril 2011

Accord Paris-Rome pour endiguer l'émigration tunisienne

Accord Paris-Rome pour endiguer l'émigration tunisienne


L'Italie et la France sont convenues vendredi de patrouiller ensemble au large des côtes tunisiennes pour contenir l'afflux de migrants vers l'Europe, a annoncé le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni.


 ACCORD FRANCO-ITALIEN POUR ENDIGUER L'ÉMIGRATION TUNISIENNE
 Cet accord constitue une première mesure d'apaisement entre les deux voisins européens face à l'arrivée d'immigrés tunisiens via l'île italienne de Lampedusa, qui a provoqué des tensions entre Paris et Rome.

"Afin d'inciter l'Union européenne à combattre l'immigration illégale, nous avons décidé en accord avec la France de mener des patrouilles communes le long des côtes tunisiennes pour stopper les départs depuis la Tunisie", a dit le ministre italien à l'issue d'une réunion à Milan avec son homologue français, Claude Guéant.

Ce dernier, qui a fait du contrôle de l'immigration un de ses chevaux de bataille, s'est réjoui de l'accord intervenu vendredi.

"Depuis le mois de janvier, plus de 25.000 Tunisiens sont arrivés sur les côtes italiennes", a-t-il dit. "Ni l'Italie ni la France n'ont vocation à accueillir ces immigrés (...) Ensemble, et avec une très étroite collaboration, on pourra résoudre cette situation."

La surveillance commune des côtes tunisiennes devrait s'effectuer par le renforcement des moyens aériens et nautiques, a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Silvio Berlusconi, qui ne veut pas gérer seul l'afflux des réfugiés, a décidé d'accorder des permis de séjour provisoires aux migrants, ce qui leur permet, sous conditions, de se déplacer librement dans les pays européens de l'espace Schengen.

Mais la France refuse d'accepter ces migrants sur son territoire et les bloque à Vintimille.

Claude Guéant expliquait jeudi que la France n'entendait pas "subir" un afflux d'immigrés clandestins en provenance du Sud méditerranéen et qu'elle refoulerait vers l'Italie les clandestins qui ne disposent pas des ressources nécessaires.

En Italie, Roberto Maroni répliquait en estimant que Paris adoptait une attitude "hostile" à l'égard de Rome et agissait en infraction des accords communautaires européens.

Vendredi, à Milan, l'heure était à l'apaisement entre les deux ministres.

"La convention de Schengen sera strictement appliquée", a dit Claude Guéant, soulignant que seuls les immigrés présentant des ressources économiques suffisantes et des documents d'identité en règle seraient admis sur le territoire français.

"Il revient à chaque pays de vérifier si ces conditions sont remplies", a-t-il ajouté.

La question de l'immigration figurera parmi les principaux dossiers à l'ordre du jour du sommet entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, le 26 avril à Rome.

Depuis le début de l'année, selon les données du ministère italien de l'Intérieur, 25.867 migrants sont arrivés en Italie, dont une très large majorité de Tunisiens qui ont traversé la Méditerranée après le soulèvement contre le régime de Zine ben Ali.

L'Otan craint un enlisement en Libye

L'Otan craint un enlisement en Libye

Des rebelles trouvent un pick-up appartenant aux forces loyalistes qui a été détruit par les frappes de la coalition, à l'est de Brega. 


Le général américain Carter Ham estime peu probable que les insurgés parviennent à lancer un assaut sur Tripoli pour renverser Kadhafi.


Le risque d'un enlisement se précise en Libye en raison des limites fixées à l'intervention de l'Otan, de la désorganisation de rebelles mal armés et de la résistance du régime de Mouammar Kadhafi. Le colonel Burckhard, porte-parole de l'état-major des armées françaises, a reconnu jeudi que la situation était «complexe», les forces pro-Kadhafi ayant «modifié leur mode d'action» en réponse aux frappes de la coalition. Le général américain Carter Ham a estimé de son côté peu probable que les rebelles parviennent à lancer un assaut sur Tripoli pour renverser Kadhafi.

L'Otan est accusée d'avoir tué deux rebelles


Des milliers de civils et rebelles libyens fuyaient jeudi après-midi la ville d'Ajdabiya (Est) en direction du nord vers Benghazi, fief des insurgés, après des rumeurs faisant état d'une avancée des troupes loyalistes. Tandis que la ville de Misrata continue d'être pilonnée par l'armée régulière, l'Otan est accusée par les insurgés d'avoir tué au moins deux rebelles et d'en avoir blessé une dizaine d'autres lors d'un raid aérien près de Brega. L'Otan a refusé vendredi de s'excuser, jugeant qu'elle n'était pas responsable de la méprise.

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, se dit néanmoins convaincu que «la question aujourd'hui est de savoir dans quelles conditions Kadhafi va partir et non pas comment il va pouvoir se maintenir au pouvoir». La transition en Libye devrait être au cœur de la réunion du groupe de contact, mercredi prochain au Qatar. Dès jeudi soir, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, élaborait une «feuille de route». L'analyse d'Alain Juppé a été confortée par l'annonce d'une nouvelle défection, celle de l'ancien ministre libyen de l'Énergie Omar Fathi Be n Shatwan.

La prostitution sur Internet dans le collimateur de Guéant

La prostitution sur Internet dans le collimateur de Guéant

Le ministre de l'Intérieur souhaite que la justice condamne pour racolage les prostituées qui vendent leurs charmes sur Internet. Jusqu'alors, seuls les créateurs de sites étaient inquiétés. Le sort des clients est plus incertain.


Claude Guéant souhaite que la justice réprime plus fermement la prostitution sur Internet. Lors de son audition jeudi devant une mission d'information de l'Assemblée nationale sur ce sujet, le ministre de l'Intérieur a jugé «intéressant que le législateur, dans un texte à venir, puisse prendre en compte [le] racolage par Internet», notamment sur les sites d'«escort girls», qui fleurissent en ligne.

En France, la prostitution n'est pas illégale. Sont interdits le proxénétisme, l'exhibitionnisme et le racolage. Depuis la loi de 2003 sur la sécurité intérieure portée par le ministre de l'époque, Nicolas Sarkozy, cette pénalisation s'applique théoriquement à toutes les formes de racolage, même passif. La disposition, très débattue, visait alors à endiguer la prostitution de rue dans les grandes villes. L'effet sur le terrain est aujourd'hui «visible», juge Claude Guéant. Le nombre de procédures pour racolage est passé de plus de 3000 en 2004 à 1300 en 2009.

Des services d'accompagnement et de massage


Profitant d'Internet, les prostituées - elles seraient 20.000 en France - se sont en réalité faites plus discrètes. Traquées dans la rue, certaines vendent désormais leurs services directement aux clients, sur des myriades de pages personnelles, d'annuaires ou de sites de petites annonces. L'absence d'études et de statistiques ne permet pas de chiffrer ce phénomène. Mais aux États-Unis, la majorité des recrutements de clients s'effectuera sur les réseaux sociaux dès cette année, estimait dernièrement un sociologue de l'université de Columbia.

En France, la justice ne dispose pas d'arsenal spécifique contre cette nouvelle forme de racolage en ligne. L'article 225-10-1 du code pénal n'opère pas de distinction entre la prostitution de rue et sur Internet. Est puni de deux mois d'emprisonnement et 3750 euros d'amende «le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d'autrui en vue d'inciter à des relations sexuelles en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération».

Profitant de ce flou, les prostituées jouent sur les mots. Elles ne proposent pas ouvertement des relations sexuelles mais des services d'accompagnement ou de massage. Lorsque le message devient plus clair, les quelques interpellations, par exemple à Toulouse ou à Caen, se concluent par des rappels à la loi. La justice «considère que le racolage par Internet ne tombe pas sous le coup» du texte de 2003, a déploré Claude Guéant jeudi. «La sollicitation des clientes et des clients sur Internet ne s'affiche pas aux yeux des passants», plaidait dans une pétition le «Syndicat du travail sexuel».

Prudence sur la pénalisation des clients

Jusqu'alors, la lutte contre la prostitution sur Internet s'est donc plutôt concentrée sur les intermédiaires. Ces derniers tombent en effet plus clairement sous le coup d'accusations de proxénétisme, dès lors qu'ils accordent une aide pour mettre en relation des prostituées et des clients. En 2008, un informaticien de 27 ans a ainsi été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir créé quatorze sites de prostituées. En 2009, le site «Escort annonce», qui listait 7500 annonces, a été fermé.

Si Claude Guéant souhaite désormais s'attaquer au racolage en ligne, et donc cibler les prostituées, il s'est en revanche montré prudent sur la pénalisation des clients. «Cela supposerait que nous révisions assez profondément l'ensemble du régime juridique de la prostitution, du régime pénal, puisque la prostitution n'est pas un délit aujourd'hui», a argumenté le ministre. «Par conséquent, il est difficile de faire un délit de la pratique du client alors que la prostitution elle-même n'est pas un délit», a-t-il poursuivi.

Interrogée fin mars par la même mission sur la prostitution, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait émis un avis radicalement différent, déclarant «très solennellement» être «favorable à la pénalisation du client». «L'achat d'un acte sexuel correspond à la mise à disposition du corps des femmes pour les hommes, indépendamment du désir de celles-ci», avait-elle accusé. La mission rendra ses conclusions mi-avril, qui pourront donner lieu à une proposition de loi. Mais «elle ne sera pas votée et appliquée avant 2012», avait prévenu la ministre.

lundi 4 avril 2011

L'épave de l'AF447 sera remontée pour résoudre le mystère

L'épave de l'AF447 sera remontée pour résoudre le mystère

L'épave de l'Airbus assurant le vol d'Air France 447 Rio-Paris qui s'est abîmé dans l'Atlantique en juin 2009 au large du Brésil avec 228 personnes à bord a été retrouvée au fond de l'océan et sera remontée pour tenter de résoudre le mystère de l'accident.

L'ÉPAVE DU RIO-PARIS D'AIR FRANCE RETROUVÉE

Des photos de débris repérés par un robot sous-marin samedi soir, vers minuit heure de Paris, par 3.900 mètres de fond, ont été montrées lundi lors d'une conférence de presse du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA).

Plusieurs corps identifiables ont été vus, a ajouté cet organisme de l'aéronautique civile enquêtant sur l'accident sans montrer ces clichés. Il s'agissait de la quatrième phase de recherches en mer depuis l'accident.

"Trouver, c'est une forme de choc, un moment très important pour tous, pour le deuil, pour la recherche de la vérité, pour la recherche d'une sécurité toujours meilleure dans le domaine aéronautique", a dit à la presse la ministre de l'Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet.

On voit notamment sur les photos des moteurs et le train d'atterrissage, des morceaux de voilure et de carlingue posés sur un fond marin plat, une "plaine abyssale" située au nord de la dernière position connue du vol. Les autorités restent discrètes sur les corps. "Ces corps seront remontés et seront identifiés", a seulement dit la ministre.

L'opération de repêchage des morceaux de l'épave sera lancée dans trois semaines à un mois, a-t-elle ajouté. Un appel d'offres a été lancé lundi et un choix final retiendra un navire spécialisé dans des telles opérations. Il y a un candidat américain et deux Français. Ils procéderont avec des robots sous-marins munis de bras articulés. L'Etat paiera la facture.

"Près de deux ans après l'accident, un espoir arrive pour essayer de la comprendre", a dit Jean-Paul Troadec, directeur du BEA. Il a cependant précisé que les "boites noires", les enregistreurs de conversations du cockpit et des données techniques du vol, ne sont pas encore repérées.

ENJEUX INDUSTRIELS ET JUDICIAIRES

L'avion, un A330, s'était abîmé dans l'Atlantique pour une raison encore inconnue dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2009, emportant dans la mort des passagers de 32 nationalités, dont 72 Français et 59 Brésiliens.

Aucun scénario précis de l'accident n'a été établi.

Un problème des sondes de mesure de vitesse de type Pitot, fabriquées par Thales, qui équipaient les A330 et A340, a été avancé comme une cause possible.

Ces petits tubes placés à l'avant de l'appareil givraient à haute altitude. Le BEA pense cependant que cette défaillance, si elle est confirmée, ne suffit pas à expliquer l'accident.

La réponse au mystère de cette catastrophe comporte des enjeux judiciaires et industriels. Le constructeur Airbus et la compagnie Air France ont été mis en examen mi-mars pour "homicides involontaires" par un juge d'instruction de Paris.

Les deux sociétés ont protesté et expliqué qu'il n'y avait aucune raison de les incriminer tant qu'on ne connaissait pas avec précision les causes de l'accident.

Des débris, dont la dérive de l'avion, avaient été repêchés après l'accident, ainsi qu'une cinquantaine de corps. Le BEA avait alors émis l'hypothèse que l'avion avait heurté la surface de l'eau à l'horizontale et non en "piqué", une idée confortée par la concentration des débris, a dit Jean-Paul Troadec.

L'opération de remontée des débris, qui sera conduite par un enquêteur du BEA, Alain Bouillard, se concentrera en priorité sur les boites noires et les ordinateurs de vol, a déclaré ce dernier. "Il faudra regarder dans quel état les enregistreurs se trouvent, parce que tout dépendra de la capacité de nos équipes à les lire", a-t-il déclaré.

Jean-Baptiste Audousset, qui préside l'une des associations de familles de victimes (Entraide et Solidarité AF447), a parlé d'"un tournant" et d'"un espoir".

vendredi 1 avril 2011

Pékin accuse des entreprises liées à Google de fraude fiscale

Pékin accuse des entreprises liées à Google de fraude fiscale

Le logo de Google, à Pékin.

Les autorités chinoises accusent trois entreprises liées à Google d'évasion fiscale et ont ouvert une enquête, affirme la presse chinoise. Une procédure qui renforce la pression sur le moteur de recherche, engagé dans un bras de fer avec Pékin sur la censure de son moteur de recherche et son service de cartographie en ligne.

Deux des trois entreprises visées appartiennent à Google, et la troisième est un partenaire du moteur de recherche. Google a démenti les accusations de fraude ; le moteur de recherche explique dans un communiqué qu'il "pense agir, et toujours avoir agi, en conformité avec la loi fiscale chinoise".

Les trois entreprises sont soupçonnées d'avoir présenté des déclarations de revenus erronées, et de devoir environ 4,2 millions d'euros au fisc chinois. Les détails de la fraude supposée ne sont pas connus. Sollicité par l'agence Reuters, le ministère des affaires étrangères chinois n'a pas souhaité commenter ces informations.


CONFLIT LONG

Google et Pékin sont engagés depuis plus d'un an dans un bras de fer qui implique également Washington. Il y a un an, le moteur de recherche avait accusé à demi-mots Pékin de soutenir ou de fermer les yeux sur des attaques informatiques visant les comptes Gmail de dissidents chinois. Après plusieurs semaines de conflit, Google avait décidé de faire transiter ses recherches en Chine par Hongkong, où il n'est pas soumis aux lois draconiennes sur la censure.

Le conflit a pris un nouveau tour début mars, après de nouvelles accusations de Google contre Pékin, portant sur le blocage de sa messagerie Gmail. Le moteur de recherche risque également de ne pas voir la licence de son service Google Maps renouvelée.

Relativement peu présent en Chine, où le moteur national Baidu occupe l'essentiel du marché de la recherche, Google tente depuis plusieurs années de trouver un équilibre entre le respect de la loi chinoise, qui prévoit une censure généralisée, et le respect de la liberté d'expression, élément-clef de son image de marque. Washington s'est également impliqué à plusieurs reprises dans les conflits entre Google et les Etats, le plus souvent pour soutenir le moteur de recherche, mais aussi parfois pour lui demander de s'impliquer davantage.

Lenovo dégaine son «LePad» face à l'iPad

Lenovo dégaine son «LePad» face à l'iPad

Le groupe chinois a opté pour le système d'exploitation de Google.


Après Apple, Dell, Samsung, Toshiba et Motorola, le groupe chinois lance sa tablette Internet.


Le chinois Lenovo n'a pas hésité. Pour concurrencer Apple sur le marché des tablettes, Lenovo a baptisé la sienne «LePad». Quasiment la même prononciation en anglais et quasiment la même typographie que le désormais célèbre iPad.

Le marché des ardoises ou tablettes Internet, défriché par la firme à la pomme, devrait représenter entre 55 et 60 millions d'unités dans le monde en 2011 et empiéter, un peu, sur le marché des ordinateurs portables, estiment les cabinets d'étude iSuppli et Gartner. Lenovo, première marque chinoise de PC et numéro quatre mondial depuis qu'il a racheté la division PC d'IBM, devait donc entrer sur le marché des tablettes.

Le LePad, qui a opté pour le système d'exploitation Android de Google, ressemble aux tablettes de ses concurrents Archos, Samsung, Dell, Toshiba ou Motorola. D'autres industriels sont sur la ligne de départ, tels le californien HP et le canadien Research in Motion (RIM).
Disponible cette année en France

Lenovo dispose de deux avantages: une marque forte, reconnue sur le marché chinois, où le groupe bénéficie d'un réseau de distribution très fin qui irrigue les campagnes; et le prix de son produit, moins coûteux que l'iPad. Le LePad est proposé à 3 499 yuans, soit 377 euros, contre 489 euros pour un iPad aux fonctions comparables en termes de mémoire (16 Go) et de connexion Internet (Wi-Fi).

En outre, Yang Yuanqing, le PDG du groupe chinois, a déjà prévenu qu'il allait lancer une deuxième version de son LePad, «en septembre ou en octobre». La prochaine tablette a été conçue, en parallèle au premier produit, par une autre équipe. La future ardoise sera plus fine, a précisé le PDG de Lenovo. Mais la plupart des observateurs estiment que le groupe chinois va continuer d'opter pour le logiciel de Google, ce qui devrait lui permettre de serrer ses prix.

«Environ une dizaine de tablettes en développement dans le monde utilisent notre système d'exploitation», confiait récemment au Figaro Andrew Rubin, le responsable d'Android chez Google, qui rappelle que «les experts nous attribuent environ 20% du marché des tablettes pour le dernier trimestre de 2010». Cette part pourrait augmenter, à l'instar de la percée de Google dans les smartphones, au détriment de l'iPhone.

La tablette LePad devrait être proposée hors de Chine, y compris en France, «dans le courant de 2011», précise la filiale du groupe.

Toutefois, sa disponibilité, y compris dans l'empire du Milieu, est en question. Le tremblement de terre au Japon, le 11 mars, pourrait avoir des conséquences sur la fourniture de composants de la tablette, a indiqué un responsable de Lenovo, cité mardi par le Wall Street Journal.