mardi 22 mars 2011

Rugby : Chabal, la vedette médiatique devenue "paria"

Rugby : Chabal, la vedette médiatique devenue "paria"


Ecarté de l'équipe de France après la défaite contre l'Italie le 12 mars, Sébastien Chabal est passé en quelques semaines du rang de vedette médiatique à celui du "paria", dont la place chez les Bleus est très sérieusement contestée à six mois de la Coupe du monde. Le joueur du Racing-Métro a traversé le Tournoi des six nations comme une ombre : les deux fois où il a été titulaire, en Angleterre et face à l'Italie, la France a perdu. Sans lui, elle montre un visage plus rassurant.

Marc Lièvremont a fini par renoncer à vouloir installer le Racingman de 33 ans, qui a joué tour à tour en troisième, deuxième ligne et à l'aile chez les Bleus, au poste de n° 8 titulaire du XV de France. Après la défaite contre l'Angleterre, le sélectionneur tricolore s'accrochait encore à sa conviction initiale, déclarant : "Face à l'Italie, je préfère le voir démarrer le match, à la limite, que remplaçant. J'ai revu le match. Sa prestation, de la même manière que celle de Clément Poitrenaud ou de Yoann Huget, ne m'a pas semblé catastrophique."

"LA FERMER ET TRAVAILLER"

Présent sur la pelouse au coup d'envoi à Rome, Chabal est passé à côté de son match ; sa prestation médiocre pourrait lui être fatale. Lorsqu'au lendemain de la défaite, le sélectionneur tricolore affirme sous le coup de la colère que "certains avaient sans doute disputé leur dernier match sous le maillot bleu, samedi en Italie", "The Caveman" ("L'homme des cavernes") semble particulièrement visé. Au mieux, face à un Harinordoquy redevenu incontournable en n° 8, Chabal peut aspirer à redevenir cet "impact player", capable de faire des entrées en jeu tonitruantes en deuxième période, ce poste qu'il occupait lorsqu'il découvrait le maillot bleu il y a une dizaine d'années.

Depuis le 12 mars, la figure la plus médiatique du rugby français, familière des plateaux télévisés (il aurait refusé de participer à l'émission de TF1 "Danse avec les stars"), des spots publicitaires et des tables de poker, ne s'exprime plus publiquement. Les derniers mots du rugbyman sur le site de microblogging Twitter, dont il est d'habitude un utilisateur frénétique, date du jour où il a perdu sa place chez les Bleus. "Quand on est là, il n'y a qu'une chose à faire. La fermer... et travailler." L'international aux 62 sélections, dont le corps a du mal à gérer l'enchaînement des matches cette saison, applique cette leçon à la lettre.

BERBIZIER : "UNE PÉRIPÉTIE DE LA VIE D'UN JOUEUR"

Pour espérer retrouver le lustre du maillot bleu, Chabal n'a qu'une seule solution : briller avec son club, deuxième du Top 14, qui peut espérer beaucoup de la fin de saison. Lundi, le manageur du Racing-Métro Pierre Berbizier a pris la défense de son joueur en conférence de presse, rappelant à quel point son parcours international a toujours été chaotique : "Si je me rappelle bien, personne ne voyait Chabal comme n° 8, et puis il est devenu le n° 8 incontournable de l'équipe de France et il redevient maintenant un paria. Pour nous, il reste le même au niveau du club. On continuera à l'utiliser comme on l'a toujours utilisé."

"C'est une péripétie de la vie d'un joueur. Il a passé une période où il n'était pas au mieux. J'espère qu'on lui donnera les moyens de revenir à son meilleur niveau", a poursuivi Berbizier, assurant que le joueur "est bien" depuis son retour. Titulaire indiscutable en deuxième ligne avec son club, Sébastien Chabal aura sans doute l'occasion de prouver dès samedi, face au Stade toulousain et sa bande d'internationaux français, que sa carrière rugbystique peut encore profiter d'un nouveau souffle.