jeudi 17 mars 2011

Dany Leprince : le parquet réclame un nouveau procès

Dany Leprince : le parquet réclame un nouveau procès

Photo prise le 3 novembre 1997 de Dany Leprince. Crédits photo : DANIEL JANIN/AFP



La Cour de révision se prononcera le 6 avril sur la requête déposée par le Sarthois contre sa condamnation à perpétuité pour le quadruple meurtre de Thorigné-sur-Dué. Une affaire pour laquelle il a purgé seize ans de prison.

Dix-sept ans après les faits, une question demeure : Dany Leprince a-t-il réellement tué son frère, sa belle-sœur et ses deux nièces ? Surnommé pendant de nombreuses années «le boucher de la Sarthe», Dany Leprince pourrait être innocenté : le parquet général a réclamé jeudi à la Cour de révision d'annuler sa condamnation et d'ordonner un nouveau procès. L'avocat général a également très clairement évoqué les charges qui pesaient sur l'ex-femme de Dany Leprince, Martine Compain, laissant entendre qu'une nouvelle enquête devrait examiner plus précisément le rôle qu'elle a pu jouer dans la tuerie.

«Nous sommes très contents, c'est très bon signe, c'est ce que nous souhaitions. En cas de nouveau procès, Dany aura toute la lattitude pour prouver son innocence», a aussitôt réagi pour lefigaro.fr Roland Agret, à l'origine de la contre-enquête qui a permis de demander une révision.

La décision de la Cour a été mise en délibéré au 6 avril. Là, elle pourra décider d'aller soit dans le sens du parquet - décision la plus probable -, soit d'annuler purement et simplement la condamnation, soit de rejeter la requête de Dany Leprince. Si la Cour de cassation, qui siègera comme Cour de révision, accepte cette demande, ce serait la neuvième fois qu'une telle procédure de révision criminelle aboutirait en France. En avril dernier, notamment, la Cour a prononcé deux nouvelles révisions, celles de Marc Machin et de Loïc Sécher. Les deux hommes doivent encore être rejugés par une cour d'assises.

Solène, 2 ans, miraculée


Le 1er juillet 2010, la commission de révision des condamnations pénales avait relevé de nombreuses failles dans l'enquête qui avait mené à la condamnation de Dany Leprince et avait décidé de saisir la Cour de révision. Dans la foulée, elle avait ordonné la libération immédiate du condamné, une décision rarissime mettant en lumière les doutes qui planent sur la culpabilité du Sarthois. Après seize années passées derrière les barreaux, Dany Leprince, 53 ans, retrouvait la liberté quelques jours plus tard.

Dans ses conclusions, la commission a épinglé de nombreux errements dans l'enquête judiciaire qui a conduit à sa condamnation à la réclusion à perpétuité, le 16 décembre 1997, par la cour d'assises de la Sarthe. Dany Leprince était alors reconnu coupable des meurtres de son frère Christian, 34 ans, de sa belle-sœur Brigitte, 36 ans, et de ses nièces Sandra, 10 ans, et Audrey, six ans, en septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué. Seule Solène, deux ans, avait miraculeusement échappé à la tuerie. Accusé par sa première femme et sa fille - dans des versions qui ont varié au cours de l'enquête - Dany Leprince avait avoué en garde à vue le meurtre de Christian, avant de se rétracter. Il a depuis toujours clamé son innocence avec l'aide de son comité de soutien,qui a mis au jour de nombreuses incohérences.

Aucune preuve matérielle

«Aucune preuve matérielle mettant en cause Dany Leprince n'a été établie», a noté la commission de révision en juillet dernier, s'étonnant qu'après un quadruple meurtre «aucune trace de sang» n'ait été trouvée sur les vêtements du condamné. L'arme supposée, une feuille de boucher, a été «récupérée dans des conditions dénuées de toute fiabilité», a par ailleurs indiqué la commission. Avant d'estimer : «Compte tenu du nombre de victimes et de l'acharnement du ou des agresseurs (...), il n'apparaît pas vraisemblable que ce massacre ait pu être accompli en un espace de temps aussi court» par Dany Leprince seul.

De plus, «contrairement à ce qui est relevé dans l'arrêt de renvoi, Dany Leprince n'a jamais reconnu avoir commis les quatre meurtres», ses aveux concernant uniquement le meurtre de son frère, avaient encore relevé les magistrats. Autre éléments troublant : les relations entre les différents protagonistes du dossier. «Le major Monnier, commandant à l'époque de la brigade de gendarmerie du Mans, a entretenu avec les familles respectives de Martine Compain - son ex-femme - et de Nelly Hatton (la nourrice de Solène) des rapports incompatibles avec la procédure en cours», poursuivait l'arrêt.