mardi 8 mars 2011

Jacques Chirac "prend acte" du report de son procès

Jacques Chirac "prend acte" du report de son procès

Jacques Chirac à son arrivée à son bureau, lundi 31 janvier

Le report du procès des emplois fictifs de la ville de Paris, acté mardi 8 mars par le tribunal, qui a accepté d'attendre le résultat d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par la défense de l'ex-chef d'Etat pour continuer l'audience, n'a pas manqué de faire réagir les parties.

En premier lieu celle, minimale, du principal intéressé. L'ancien président de la République, qui n'était pas à l'audience du lundi 7 mars ni à celle de mardi, a simplement "pris acte" du report par un communiqué, et indiqué qu'il serait "présent" à la reprise des audiences.

Selon le texte du communiqué, Jacques Chirac a aussi tenu à rappeler "qu'il n'est pas à l'origine de la question de procédure qui conduit à ce report". "Comme il l'a toujours affirmé, il sera présent à la date qui sera fixée par le tribunal pour la reprise des audiences".

"DENI DE JUSTICE"

A l'opposé, les parties civiles, dont l'association AntiCor, qui estiment depuis plusieurs semaines que tout est fait pour retarder ce procès, se sont insurgées contre la décision du tribunal. Me Jérôme Karsenti, avocat d'une des parties civiles, a ainsi dénoncé un "déni de justice" et estimé qu'"il ne faut pas s'étonner que Marine Le Pen soit à 23 % dans les sondages". "Aujourd'hui, on voit bien qu'il y a une justice à plusieurs vitesses, alors que la QPC est une avancée démocratique", a-t-il dénoncé, ajoutant qu'"il ne faut pas s'étonner que Marine Le Pen soit à 23% dans les sondages".

L'association de lutte contre la corruption Transparence international a déploré, dans un communiqué, "une très mauvaise nouvelle qui va à l'encontre des déclarations récentes de nombreux responsables de partis politiques sur l'urgence d'une moralisation de la vie publique."

Dans la classe politique, on juge ce report diversement. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale estime ainsi que "le procès doit avoir lieu". "Non pas qu'il faille s'acharner sur Jacques Chirac", "mais si on veut que les Français aient confiance dans les institutions, la justice doit passer. C'est un acte civique".

"IL FAUT REVENIR À L'ABSENCE D'IMPUNITÉ DU CHEF DE L'ETAT"



L'ancienne ministre de la justice Elisabeth Guigou a estimé sur I>Télé qu'il fallait "que ce procès ait lieu, avec la courtoisie et les attentions nécessaire pour M. Chirac. (...) Je crois que c'est vraiment l'intérêt de la démocratie que ce procès ait lieu, sinon les Français vont se dire 'Il y a la justice pour les puissants et la justice pour les autres.'", a dit la députée socialiste.

Pour Arnaud Montebourg, député et candidat aux primaires du Parti socialiste, "tout le monde doit répondre de ses actes. (...) Que le président ait une immunité s'agissant des actes qu'il accomplit dans le cadre de ses fonctions comme président de la République, cela paraît parfaitement normal. En revanche, s'agissant de son activité de candidat ou d'élu local, cela n'est pas possible. Il faut revenir à l'absence d'impunité du chef de l'État", a-t-il dit au Point.fr.

"JUSTICE À DEUX VITESSES"

Enfin, Olivier Besancenot (NPA) dénonce "une justice à deux vitesses", une "nouvelle illustration du deux poids, deux mesures+ appliqués aux justiciables". "Pour les uns, c'est comparution immédiate, peines planchers; pour l'ancien président de la République, c'est l'impunité due à son statut de président et ensuite la bataille judiciaire pour mettre en avant la prescription, l'objectif étant que M. Chirac ne soit jamais jugé. Tout cela est scandaleux".